La coupe sèche où je fagote
Craque au soleil comme un panier.
Craquent les glands de l'an dernier
Et les vieux ronciers en pelotes.
J'entasse chaudes et légères
Les reliques des grands sapins,
Et les précieux parchemins
Que les bouleaux abandonnèrent.
Craquent les branches évidées.
Je marche délicatement
Sur les fragiles ossements
D'un passé de haute-volée.
Comme la mort est familière
Et comme elle est bonne à toucher
Sur l'humus à peine ébauché
Qu'agriffe déjà la bruyère.
Que je vous aime esquilles grises,
Fruits d'écailles, rameaux sans poids,
Bruit subtil des charbons de bois
Qui roulent sous la moindre brise !
Dites, lorsque m'auront ravie
Les fardiers de l'éternité,
Qui donc aimera fagoter
Sur l'emplacement de ma vie ?
Lucienne Desnoues
Les Racines
Raisons d'être, 1952