Ainsi jusqu'à ses pieds l'homme t'a fait descendre ; Son fer a dépecé les rameaux et le tronc ; Cet être harmonieux sera fumée et cendre Et la terre et le vent se le partageront.
(La mort du chêne) V. DE LAPRADE |
En passant...
L'on passe tout près d'elle à chaque randonnée
Et très souvent l'on voit à terre un tronçon mort ;
Les vers impitoyables sur l'abandonnée
Se jettent pour ronger toujours ce qui s'y mord !
Et chaque fois je songe à ce que fut l'ombrage
De ce robuste chêne avec ses rameaux verts ;
Ce qu'il sut de l'amour des hommes de notre âge,
Ce qu'il connut de noms que l'écorce a couverts !
L'arbre n'est plus qu'un tronc, une main sacrilège
Lui a ôté la vie au bord du grand chemin.
Seul, le vieux voyageur de son fardeau s'allège
Sur son socle ébréché, accueillant les humains.
Mais tel le chêne altier succomberont les êtres
Sous la hache du temps ! Ainsi va le destin :
Qui frappa le géant ne se doute peut-être
De l'heure du péril... à son dernier matin !
Et les ans passeront... l'homme devenu marbre
N'ayant plus de souci ni jamais de rancœur,
Près de la souche morte, seul vestige de l'arbre,
Marquera de ses os la place de son cœur !
Paul Manoury
Feuilles au vent et branches mortes
1954