Á André Dhôtel.
La pinède m'ouvre la nef d'un nouveau monde,
La pinède où vit la lumière seconde
Quand la fougère pâle se couvre de rosée,
L'été y devient une stupeur tamisée.
Il est tamisé l'or que l'on filtre et transmue
En l'épurant depuis le dôme en fusion,
Pour rendre meilleur l'étranger que je suis
Toujours en instance de naturalisation.
Toujours je suis nu dans la lumière captée haut
Et sous l'œil du dôme qui est le double sceau
Où le silence s'allie au plus grave des offices,
Chaque pin me ressemble par sa longue cicatrice.
Mais la pinède s'entrouvre, étant un écrin,
Quand se livrent au souffle du courant sous-marin
Tous les grands rameurs faussement immobiles,
Sans cesse m'entraîne le battement des cils.
Alors que sous le toit de nacre
Une chaleur intime se manifeste
Et s'épanouit le col immaculé
Parmi les sapins en coiffure de sacre.
Armen Lubin
Le passager clandestin - Sainte patience
Les hautes terrasses et autres poèmes
Gallimard, 2005