le commencement de la tyrannie provoque la pointe de liberté insérée dans le devenir sans fin, pour dépasser la tyrannie elle-même
Wifredo Lam |
Oui, Lam vrai nom du fruit de l'arbre-Véritable La jungle était ton paysage natal au ciel, le tonnerre et l'éclair bâillonnaient la voix exilée des dieux sur terre, les diables et le Bon-Dieu couvaient les cris esclaves pour générer l'enfer et toi, tu es né de la relève de la mort étranglée par le nœud de mille cordons ombilicaux ton blason a redoré le soleil ton art a conjuré la mer et l'exil d'Olorun comme nos îles ont éclos en apostrophe d'apocalypse
oui, il s'agit bien d'un peuple debout en balance sur la map- pemonde incandescente condensée en la mère-Caraïbe, sans un coin d'espace gaspillé dans l'île ni sur le tableau.
oui, ici chaque visage est un fruit, ou alors un soleil, une lune, une mandoline, un petit cheval. Les yeux sont des étoiles à éclairer les coutelas.
oui, il s'agit bien ici de sèves libres de racines, de pour- ritures ordonnées par des couleurs d'initiation, de sources grimpées aux arbres et puis d'hommes-colibris, de femmes-flamboyants, de lèvres-hibiscus
oui, ici encore, Lam contrarie le mal pour enflammer les âmes et réchauffer une sève qui marronne une liberté dans le déracinement des hommes-plantes se redressent dans un bruit de cassu- re des vieux-corps, et leurs cannes éjaculent du rhum dans la fleur de belles fées noires déguisées en sorcières pour sucrer le destin
en offrande aux aubes sans aubiers |
Daniel Maximin
L'Invention des désirades
Présence africaine, 2000
Wifredo Lam
Jungle
MoMA