Mort de Houmbaba
Ils franchissent l'entrée
et arrivent au cœur de la forêt.
Séduits, ils regardent la montagne verte
et admirent la beauté des cèdres.
Ils suivent les pistes bien tracées
que Houmbaba utilise.
Ils contemplent la Montagne des Cèdres,
demeure des dieux, sanctuaire de la souveraine lshtar.
Autour d'eux,
partout les cèdres se dressent
leur ombre immense et leurs senteurs
réjouissent le cœur.
Devant Shamash
Gilgamesh les larmes aux yeux
se prosterne, il implore son aide :
« Ô divin Shamash tu as promis à ma mère Ninsoun d'être près de moi. Ne m'abandonne pas ne t’éloigne pas de moi, entends mon appel. » |
Gilgamesh prend sa hache et se met à couper un cèdre
sa chute fait un bruit assourdissant
lorsque Houmbaba l'entend, il s'écrie furieux :
« Qui a pénétré dans la forêt et a porté la main sur les arbres qui poussent sur ma montagne ? Qui a coupé le cèdre? » |
Le dieu Shamash déchaîne alors les grands ouragans :
le vent du nord et le vent du sud
le vent chaud et le vent de tempête
le cyclone et le tourbillon.
Houmbaba aveuglé ne peut plus bouger.
Les deux amis prennent la hache,
ils tirent le glaive du fourreau
entourent Houmbaba qui s'écrie :
« Que la malédiction du dieu Enlil vous poursuive ! » |
Les deux amis ignorent ces paroles
et Enkidou dit :
« Houmbaba seul on ne peut vaincre mais deux ensemble le peuvent, l'amitié multiplie les forces une corde triple ne peut être coupée et deux jeunes lions sont plus forts que leur père. » |
Gilgamesh et son ami Enkidou
frappent à mort le gardien des cèdres.
À deux doubles heures
la forêt se lamente et les cèdres gémissent.
Gilgamesh et Enkidou ont frappé à mort
Houmbaba le gardien de la forêt
et son cri de mort fait trembler
l'Hermon et le Liban.
Ils s'avancent avec leurs armes dans la forêt
et coupent les cèdres.
Sur les rives de l'Euphrate
le courant emporte les cèdres vers Ourouk.
L'Épopée de Gilgamesh
Traduction et adaptation d'Abed Azrié
Images de Claire Forgeot
Éditions Ipomée, 1986