À Jacques Ancet
To a green thought in a green shade Andrew Marvell |
L'épaisseur de la forêt
son obscur éclat vert,
la voix qui appelle mais où,
le bord, la limite
où commencent les sentiers
qui à leur tour s'entrecroisent
et s'annulent dans la clairière subite, espace
soudain d'un dieu
ici manifesté,
quel dieu ?,
nous pourrions y faire notre demeure
dans cette clarté,
au moins jusqu'au temps des pluies
pour reconnaître encore notre chemin
dans l'herbe foulée, mais pour quoi, jamais
nous ne pourrions revenir, car, dans la forêt,
infinis les sentiers se croisent,
la forêt m'appelle toujours
et la nature mère me réduit,
m'absorbe en elle, me restitue au néant.
José Ángel Valente
Fragments d'un livre futur
Traduction de Jacques Ancet
José Corti, 2002
♦
El bosque
À Jacques Ancet
To a green thought in a green shade Andrew Marvell |
EL espesor del bosque,
su verde luz oscura,
la voz que llama adónde,
el borde, el límite
donde comienzan los senderos
que a su vez se entrecruzan
y se anulan hasta el súbito claro, repentino
lugar de un dios
que aquí se manifiesta
¿cuál dios?,
podríamos hacer en él nuestra morada,
en esta claridad,
al menos hasta el tiempo de las lluvias
para identificar aún nuestro camino
en la hierba pisada, para qué, jamás
podríamos volver, pues los senderos
se cruzan infinitos en el bosque,
me llama el bosque todavía
y la naturaleza madre me reduce,
me asume en sí, me devuelve a la nada.
José Ángel Valente