Les pins tordus et secs de « la Côte Sauvage »,
Toujours battus des vents fougueux, de l'Océan,
Ont la forme, au soleil, de vieux noués par l'âge,
Aux longs corps décharnés, aux membres suppliants.
Le soir, les pins serrés, ondulant sur la dune,
Comme un troupeau d'aurochs ramassés et trapus,
Semblent vouloir foncer sur la masse importune
Des moutons blancs grouillant sur les flots éperdus.
Par nuit calme, la lune, à l'heure fatidique,
Glisse parmi les pins, ses rayons argentés
Et peuple le décor d'ombres allégoriques
Qu'anime le zéphir, comme en des bois hantés.
Par les nuits d'ouragan, ils geignent de détresse,
Semblant psalmodier la prière des morts
Penchés sur le tombeau qu'est cette mer traîtresse,
Monstre jamais repu, tueuse sans remords.
Léon Renaux
Les jeunes poètes français
Publié sous la direction de Patrice Bruet
Revue Moderne des Arts et de la Vie, 1935