Ai-je oublié les bois
Les forêts de l'automne
Les forêts de chez moi
Les grandes tristesses humides
Sous la mousse discrète et douce
Le parfum de l'écorce
Et les grandes racines amoureuses de la terre ?
Être vaguant et avide
Amer conquérant de l'horizon
Ai-je oublié le chuchotement des clairs-obscurs
Et le silence des grands arbres ?
À toujours marcher vers le soleil
Fasciné par ses flammes sauvages
J'ai laissé mes yeux brûler
Et ne distingue plus à présent
Les nuances subtiles
Des tons pastels
À trop écouter le vacarme des villes
Je ne sais plus entendre
Le joyeux essoufflement des herbes naissantes
Et le rire des sources furtives
Comment rejoindre les grands bois
Et mes souvenirs épars sous les feuilles mortes ?
Je n'ose pas même regarder en arrière
Comment prendrais-je le chemin du retour ?
Anne-Laure Cartier
Eaux médiatrices
Saint-Germain-des-Prés, 1983