Fabuleux palais d'automne
Ouvert à tous les curieux,
Percées des voies forestières
Que fascinent les lacs bleus.
Salon de peinture où s'ornent
De dorures inouïes
Le tremble, le frêne et l'orme
Tout au long des galeries.
Le tilleul sous son bandeau
D'or, pareil à l'épousée
Et la face du bouleau
Sous son voile d'hyménée.
Terre au creux des caniveaux
Enterrée sous le feuillage,
Ailes de maisons, tableaux
Qu'encadre l'or des érables.
Où les arbres vont par deux
Dans l'aurore de septembre.
Le couchant sur leur écorce
Va laisser des traces d'ambre.
Où, qu'on descende au ravin,
Il n'est rien qui ne le sache
Au bruit que le moindre pas
Fait parmi les feuilles sèches.
Au bout de l'allée, l'écho
Résonne auprès de la faille
Où, cerises au sirop,
Le couchant se fige et caille.
Automne. Antique recoin :
Armes, vieux bouquins, toilettes,
Catalogue de trésors
Que les premiers froids feuillettent.
1956
Boris Pasternak
Ma sœur la vie et autres poèmes
Traduction sous la direction d'Hélène Henry
Gallimard,1988