Au vallon
gangrené d'éboulis
et de carlingues
seul
l'arbre rouge
par consentement d'écorce
il offre au fracas disparu
des embrassades de boa
et le silence aussi
fait des nœuds dans le ciel
et ailleurs les bois morts
ont la gueule moussue
et l'insecte facile
Dans le jardin
des villes vaincues
seul
l'arbre rouge
à l'avant des feux argent
et des odeurs de graisse
sa haute branche a fléchi
tout l'automne
et puis
on a tranché la corde des pendus
au loin
l'horizon est une feuille qui tremble
par les souffles brûlants
et par l'espoir encore
Dans le désert gris
des hommes en allés
seul
l'arbre rouge
et c'est depuis la lande
un coup porté
dans le foie des nuages
les frondaisons incarnates :
un cri à l'aplomb des instances
leurs ongles sales
et plus rien ne vole
ni ne bruît
À l'interligne
des langues incendiées
seul l'arbre rouge
c'est un rameau qu'enserrent
les deux pages du livre
et l'herbier de nos bouches
croqueuses de sève
s'accordant à confondre
dans un baiser
leur poème inondé
Antoine Choplin
Bacchanales n°47 - novembre 2011
Revue de la Maison de la poésie Rhône-Alpes