fable
Un homme perdait ses cheveux
Et sur sa brosse et dans son peigne,
Tant et si bien qu'à telle enseigne
Il devint chauve en moins de deux.
Il avait un crâne tout rose
Qui ressemblait à un genou
Et gardait sa tête bien close
Sous un chapeau, même au mois d'août.
Se promenant à la campagne
Il vit un arbre dénudé
Lisse comme mât de cocagne,
Que le vent avait effeuillé.
Eh bien ! mon vieux, dit le brave homme,
Je te trouve tel que je suis
Tu n'as plus de cheveux en somme
Puisque ton feuillage est parti ;
L'arbre lui dit : pauvre cervelle
Reviens donc me voir cet été
J'aurai ma perruque nouvelle
Et ton crâne déshabité
Sera bien content je présage
De la fraîcheur de mon ombrage.
Cela prouve qu'il faut penser
Avant de faire sa harangue
Et retourner sept fois sa langue
Dans la bouche avant de parler.
Roger Bonhomme
Poèmes et réflexions
1977