L'arbre que je plante ici
Boira le lait nécessaire
Et n'aura pour tout souci
Que de grandir sur sa terre.
Le doigt du Dieu maternel
Lissera sa feuille chaude,
Le protégeant, paternel,
Contre le fléau qui rôde.
La joue appuyée au ciel,
Il s'assurera la sève.
À sa bouche en fleur de miel
Viendra butiner le rêve.
— Tel parlait à l'oranger
Cet esprit pionnier, mon père !
Tel ne voyait nul danger
Cet amour entier, ma mère !
Tandis qu'aux lèvres d'avril
Alger pressait sa poitrine,
L'enfant triste de l'exil
Vivait déjà sans racine...
Claude Mouton
Les oranges de l'exil
Poèmes sur l'Algérie perdue
Publications M.C., 1986