Ah qu'ils étaient heureux
les poètes d'antan
le monde était un arbre
eux de grands enfants
Que suspendrai-je
à l'arbre jadis vert
qui fut foudroyé
par une pluie de fer
Ah qu'ils étaient heureux
les poètes d'antan
autour de leur arbre
ils dansaient grands enfants
Que suspendrai-je
à la branche chenue
de l'arbre assassiné
qui ne chantera plus
Ah qu'ils étaient heureux
les poètes d'antan
au pied de leur arbre
ils chantaient grands enfants
Mais notre arbre à nous
toute la nuit a grincé
on y a suspendu
un corps supplicié
Tadeusz Różewicz
Vingt-quatre poètes polonais
Traduits par Georges Lisowski
Éditions du Murmure, 2003