Je vais n'aimer personne
je traverse les feuilles des arbres
et même leurs troncs
je deviens transparence, bientôt absence
bientôt mille fois rien
zéro.
Je heurte mon front aux pavés
aux étoiles aux visages aux sexes
aux oiseaux aux fleurs
à la main pensive de Dieu.
J'écris un poème
j'évite encore la mort en écrivant un poème
je ne passerai pas le pas car j'ai peur
je ne m'aiderai pas pourtant
contre ma grande amie qui n'a point de sexe.
J'écris un poème pour mourir plus doucement
pour laisser après moi une sorte de feuillage
pour que des yeux voyant mon petit automne
se demandent s'il reste un peu de sève dans l'arbre.
Va mon arbre va
bats des ailes mon oiseau
la pierre est mûre
la hache est mûre
la main est mûre
qui doit te tuer
Alain Borne
Indociles
Club du Poème