Il n'y a qu'une Saison, dans la mer, celle-ci. La Saison de toutes les saisons. Les forêts sur les continents sont promesse, sillage de ce qui vient. Maintenant, je vois ! Les arbres en feu sont là. Les arbres qui marchent la nuit. Les arbres vaporeux, gris ou verts. Les arbres, panachés de ciel. Tous !
Le chemin est plus dégagé, plus clair.
En bas, en haut, c'est la terre, le sang. La fleur, ma fleur du poignet, elle chante avec. Immensité qui tourne, en rond.
Il n'y a qu'une fleur dans le monde. La fleur ! Le pistil ouvert, à tous, aux vents, à l'abeille qui féconde. Un soleil l'éclaire, de l'intérieur. Sur chacun de ses rayons, un mot, posé comme la flamme de rosée. Posé comme la promesse du fruit, du poème. Un oiseau, dans chaque goutte de sève, se lève, ailes battantes.
Je suis son vol, ses ailes, si grandes, si graves !
Il n'y a qu'une Forêt. Celle-ci qui présage l'ouverture quand se fera l'écoute, l'ultime. Ses feuilles nues, comme les pierres, le roc. Ses feuilles qui s'allument, s'éteignent. Au rythme des heures, des mois. Sans que jamais se brise cette alternance, ce clignotement.
Je suis cette lueur, saisie, entre jour et nuit.
Il n'y a qu'un arbre, un seul ! Sa tête tresse le ciel, ses racines assument la terre. Il n'est que flux et reflux de feuilles. Et cela, deux fois l'an. Tronc, branches que l'hiver laboure, en vue de futures feuillaisons. Ecume verte que l'été lance, reprend, abandonne par marées successives. C'est l'arbre qui se désigne, puis se dérobe. Puis, vient à moi, s'enracine, au plus profond.
Et je suis l'arbre par qui sera rendu le secret qui fait signe.
Et je suis l'arbre par qui sera pendu le secret de toutes saisons, de toute Parole !
Et je suis la clairière que je dis, par delà le dire, contre le dire. |
Maurice Bourg
Saisons qui portez tout
Librairie Saint-Germain-des-Prés