De ce lierre, qui en cheminant se noue
et dans son vert labyrinthe enserre
la stature du peuplier qu'il attaque
et dont par ses caresses il cause la ruine,
la vue, au charme du feuillage attentive,
ne peut distinguer s'il embrasse ou enchaîne :
seul le tronc comprend s'il est une grâce
ou bien une prison qui le cache et le courbe.
Puisse, Lisi, celui qui me verra embelli
par la haute admiration de ta beauté,
et par d'aussi nobles peines entouré,
interroger ma passion et ma fortune
pour reconnaître la prison de ma raison
dans ce qui lui semble proclamer ma folie.
Francisco de Quevedo
Sonnets
Traduction de Bernard Pons
José Corti, 2003
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Compara a la yedra su amor
Esta yedra anudada que camina
y en verde labirinto comprehende
la estatura del álamo que ofende,
pues cuanto le acaricia, le arrüina,
si es abrazo o prisión, no determina
la vista, que al frondoso halago atiende:
el tronco sólo, si es favor, entiende,
o cárcel que le esconde y que le inclina.
¡Ay, Lisi!, quien me viere enriquecido
con alta adoración de tu hermosura,
y de tan nobles penas asistido,
pregunte a mi pasión y a mi ventura,
y sabrá que es prisión de mi sentido
lo que juzga blasón de mi locura.