Le givre s’est installé sur les arbres
Et, impitoyable, a étouffé les fantasmes
De feuilles, partis inaperçus, balayés comme d’anciennes
Histoires romanesques délaissées par les conteurs.
Les arbres jalonnent le boulevard, nus et pensifs,
Leur prolixité estivale réduite au silence, happée
Par le sinistre ressac. Nus, les arbres affrontent
Les longs assauts chicaneurs de l’implacable hiver.
Une main a-t-elle enfoui, pour compenser, d’autres feuilles dans les brindilles ?
Logé quelques obscurs efforts ténus dans les fibres du bouleau ?...
Ce sont seulement les hirondelles, noires feuilles mortes sur les rameaux,
Perchées, blotties contre l’azur, faisant corps avec leur perchoir.
Le ciel clair et froid réfléchit froidement sur lui-même.
Comme une pensée vive, l’air dévide sa brillance, et tout,
Arbres, oiseaux et terre, figés dans la pensée après coup,
Attend de voir tomber la sentence de la voûte céleste.
David Herbert Lawrence
Poèmes
Traduction de Sylvain Floc’h
L’Age d’Homme, 2007