Grand arbre !
Que cernent une nuée de hérons, haut,
des brouillards muets.
Le jour, fleur, ouverte,
couleur d'eau, fait de vent.
Serrés
sous la ramure
nous dormions, je me suis éveillé,
tu as cueilli dans les branches
les ténèbres, j'ai vu tes mains
voler, nuages aiguisés de lumière,
vu qu'elles retombaient.
Le chant précipité
du temps, sur le cri du canard sauvage
et la fumée des toits.
Nous sommes venus au village.
Avons entendu la vieille qui parlait,
tout bas, contre le treillis de la haie.
"Qui ne sait pas dormir
tombe dans l'obscur.
Qui ne demande pas reçoit.
Vers la source, non, va
avec les rivières en crue."
Johannes Bobrowski
Dans les halliers du vent
Traduit de l'allemand par Jean-Claude Schneider
Atelier la Feugraie, 2000
Groβer baum
Groβer Baum !
Reiher umschweben ihn, hoch,
lautlose Nebel.
Tag, geöffnete Blume,
wasserfarben, aus Wind.
Dicht
unterm Gezweig
schliefen wir, ich erwachte,
Finsternis pflücktest du
vom Geäst, ich sah deine Hände
fliegen, Gewölk, scharf vom Licht,
sah : sie sanken herab
Eilige Zeit,
zu der Wildente Ruf gesungen
und zum Rauch an den Dächern.
Wir kamen ins Dorf.
Hörten die Greisin reden,
leise, am Flechtzaun.
"Der fällt ins Dunkel,
der nicht zu schlafen weiβ.
Der erhält, der nicht fragt.
Nicht an die Quelle,
mit den steigenden Flüssen geh".
Johannes Bobrowski
Im windgestraüch
Deutsche Verlags-Anstalt GmbH