Palais, maisons, églises sont les frondaisons d'une forêt dont les arbres, les troncs se cachent sous la mer. Ces arbres, fichés par millions sur le fond de la lagune, soutiennent, depuis des siècles, la brique de Padoue, le calcaire d'Istrie, le marbre et le porphyre dont Venise façonna son visage. Ni mousse ni vague, ni sel ni temps ne surent entamer tous ces bois de patience. Ils auraient pu voguer, devenir mâts, flancs, quilles, mais ils seraient détruits au lieu d'être encore là. Par ces puissants piliers, humbles autant qu'invisibles, Venise continue de marcher sur les eaux. |
Jean Orizet
Niveaux de survie
Belfond