Ô pommier noir
Serré aux nœuds d'un esclavage
Presque passion quand tu tirais gavés ou lèges
Tous les nuages vers mes yeux
Comment l'aurais-je pu savoir
Que tu serais ce léopard musclé de feu
Et qui fond comme neige
Dans l'âtre ancré au creux du soir ?
Sur le fumier incandescent qui sent la moelle
De tes longs os enfin paisibles
Chante le sang issu des eaux quasi régales
Où tout pommier a pris son rible avec le vent
Puis perdu pied
Fauve de dos léchant ses poils heureuse cible
Pour les étoiles à charniers.
Gérard Murail
Poésie 1, n°21
Janv. 1972