Un jour, le printemps vendit un manteau aux arbres.
Le printemps : Voici un beau manteau tout vert...
Les arbres : Merci !
(et les arbres endossent le manteau)
L'été passe. Il est heureux.
Il ne vend rien, l'été. Il donne tout.
L'automne arrive tout doucement...
L'automne : Peuh ! Vous n'êtes plus à la mode. Regardez ce qui se porte !
J'ai ici un manteau brun. Vous serez ainsi, au goût du jour.
Les arbres : Pouvons-nous l'essayer ?
(les arbres enfilent les manteaux bruns, se regardent dans
un coin d'étang.)
Non, ce n'est pas beau. Rendez-nous nos manteaux verts...
L'automne en riant, soufflant et pleurant de rire, reprend les manteaux
bruns, garde les manteaux verts et laisse les arbres tout nus.
L'hiver arrive.
L'hiver : Comment ? par ce temps vous êtes tout nus !
Les arbres : Hélas !
L'hiver : Tenez, je vous offre ce manteau blanc.
Les arbres : Merci !
Hélas, les mites du soleil ont tôt fait de manger le manteau.
Heureusement arrive le printemps
L'histoire peut recommencer...
Un jour, le printemps vendit un manteau aux arbres...
Christian Merveille
Les Cahiers de Saint-Germain-des Prés, n°8
Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1982