dans le vert jaune du soir
entre lumière et feuilles
ce battement de l'air
sans bruit
seul c'est comme ici
éponger le calme
l'angle d'ombre bouge lent
sur la haie de fusains hauts
on se dit qu'on est bien
là loin
***
les acacias grêles à cette époque le pin massif sombre à droite avec un écureuil la barre haute des fusains la masse des chênes-verts — espace minime espace vif comme oxygéné par cette fin de soleil et un reste de vent
on délaisse tout comme si les feuilles sans bruit pouvaient absorber comme si on était absorbé comme si on s'absorbait dans ces feuilles comme si seul dans le sans bruit ou presque des feuilles et peu de vent on pouvait disparaître un temps parmi les verts et comme s'évaporer |
***
quelque chose comme
ça
un rapport entre seul silence et arbres
aucune extase juste
au hasard d'un moment un écart
simple libre dans les mots et le corps
voilà
***
fatigue mémoire douleur infos
voir tout fondre dans cette lumière rase mais sans aucune élévation jaune rien qu'un clapotis de feuilles rien qu'être seul dans la vibration verte elle n'indique rien d'autre qu'elle |
une pure agitation de feuilles
le remuement d'un reste de vent
le soir
pas de plus loin pour l'heure
***
une réduction brusque de peine une perte de poids dedans et dehors une sorte de libération fausse mais à saisir de suite cela ne va pas durer plus longtemps que l'angle jaune déjà au bout de la haie |
quelque chose comme une aération
une ventilation lente
d'être
***
retenir
le peu d'un temps d'un soir seul ici
parmi les arbres
impossible de reposer long
dans la paix jaune
comme celle égale d'un vieux volet
d'un vieux visage
ou comme l'enfant joue dans le sable
et puis dort dans sa poussette
***
en bout de haie
il n'y a plus de jaune
ce n'est plus le moment
vite c'est
vivre
Antoine Emaz
Sauf
Tarabuste, 2011