Le village entier l'enserre, ne peut l'enserrer.
Arbre de vie. Temple des morts. Baobab.
Le village entier l'enserre, ne peut l'enserrer.
Arbre démesuré. Branches courtes. Paisible prière pour la pluie.
Mais il n'est de pluie.
Seule une femme en bleu, noire une femme en bleu,
par-devant l'arbre
sait toutes magies de pluie,
mais à quiconconque ne les dit.
S'enfonce le soleil par les entrailles de la terre,
de soleil est la terre, de terre est le soleil,
et tout s'embrasera de soif.
Seul et colossal le baobab défie l'embrasement
paisible en la prière pour la pluie.
Mais il n'est de pluie.
D'un coup croulera-t-il, tant butte la sécheresse en son ultime artère.
Mais d'un coup se redresse,
S'ébranle de toutes ses racines,
Et le déchaînement contre la nature
Toutes magies de la femme en bleu.
Lors se met à s'enfler de ses sucs
et tandis que s'illuminent ses prunelles,
se peuple de feuilles, se peuple de feuilles.
Pleurs verts, prière pour la pluie.
Mais en nul lieu il n'est de pluie.
Le village entier l'enserre, ne peut l'enserrer.
Arbre de vie. Temple des morts. Terre des ancêtres.
Aco Sopov
Poésie 1 n°104-105, nov-déc. 1982
Poème extrait du recueil En chasse de ma voix
Adaptation du macédonien par Djurdja Sinko-Depierris
et Jean-Louis Depierris