L'usnée s'attache
Aux arbres nus
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Un instant
Se prolonge et s'étend
Dans la frondaison
D'un chêne.
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L'écorce,
Un peu marginale
À son goût.
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Arrêtons-nous un moment
Sous le cerisier.
Pourquoi crier
Le rose et le blanc
Alors que lui
Les psalmodie ?
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Intimes
Comme certains chênes
Avec eux-mêmes.
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Qu'ont fait
Les lauriers
Pour signifier la gloire ?
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La piété des saules
Envers la rivière.
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La dynastie des noisetiers
Aime s'installer
Au bord des chemins.
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Pauvre feuille
du lierre :
S'était prise
Pour un oiseau.
Sous le vent
Battait
Comme une aile.
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Des rameaux
Qui se placeraient
Sous l'égide
De l'égoïne.
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Le genévrier
Pas content
De son entourage.
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Le buis a son reflet
Dans ses propres feuilles.
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Le houx
Accepte par le rouge,
Refuse par le vert.
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Ce soir,
À l'orée du bois
L'églantier
S'auréole
De sa journée.
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Pour nous,
La fleur du pommier
Devient la pomme,
la fleur du rosier
Meurt avec la rose.
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Mais oui, pommier,
Tes feuilles te reviendront,
Tu n'en as pas fini.
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Parfois l'humus
Dort quand même
Dans le creux d'un chêne.
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Les chênes
La marque des druides.
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Petit gland
Doit savoir
Qu'il deviendra grand
Et attend.
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Les hêtres se comportent
Comme les neveux des chênes.
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Ce frêne
Desséché, écorché,
Moignon désamorcé,
On pourrait le prendre
Pour un restant de chêne.
Regarde-le
Esquiver
Les suppliques du vent.
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L'acacia
T'est moins parent
Que le pommier.
Il appartient davantage
À l'air.
Il croit pousser plus vite
Que n'importe qui
De son rang.
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Le châtaignier disait
Qu'il était fait
Pour ce chemin-là.
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Si la branche
Sait qu'elle est branche.
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Ce silence
Que donne
La forêt de hêtres.
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Dans chaque forêt
L'annonce
D'une autre forêt.
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Un boqueteau
Tenté par l'horizon.
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Par toute sa surface,
Des racines jusqu'à la cime,
L'arbre touche
Ce qui l'entoure,
En fait profit.
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Arbres, vous supportez
Le soleil non filtré,
Puis le vent et la pluie
Et le froid et la neige
Puis le soleil revient —
Et vous n'éclatez pas !
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La laideur
N'est accordée
À aucun arbre.
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Un arbre parle peu
De son enfance.
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Divise
Le ciel par l'arbre.
Emporte
Le quotient.
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Qu'est-ce que vous croyez
Dit l'arbre,
Je n'ai pas besoin de vous
Et vous n'avez pas de hache.
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Ne donne pas ta caution
À n'importe quel arbre.
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Je ne t'écrirai plus
Que par les arbres.
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Ne pas parler
Devant le rameau
Qui remue pour deux.
Guillevic
Revue Poésie 1, n° 129
Le Cherche-Midi