Hélas il n'y a que le silence sans repos pour les voix Les morts ne sauraient nous aider ici j'écris des mots pourtant
Qui s'écrivent ailleurs aussi lettres de feu pour des yeux fermés Ici une dérision fait toujours de moi l'inverse de ce que je suis
Toutes ces années durant j'élevais un arbre invisible dont les frondaisons sont mes admirations
Le père mille fois réinventé par le fils rompu Le tronc n'est qu'un trait qu'un ongle tracerait
Ceux qui s'abreuvent de lumière les bras levés peuvent lui offrir la couronne de l'amitié
Les racines font circuler la vue dans la terre aveugle L'homme sans sommeil est reclus chagrin de ne pas être appelé
Bientôt il reprend sa place dans la vie insondable porte ceux qu'il aime contre les méandres du hasard
Érige la colonne divulguée d'un temple secret prend son bien dans ce qui passe et provoque ce qui vient
Sans regretter le royaume de tout ce qu'on a perdu Comme un arbre se tient debout dans la forêt des rois défunts
|
Michaël La Chance
Leçons d'orage
L'Hexagone, 1998