Un bras brandit loin du sol
la palme de sa main ouverte
mille doigts montrent le ciel
tout tâchés de peinture verte
les muscles gonflent les charnières
du liège et la croûte se fend
se glissant hors de l'armure
un doigt parfois parfois se tend
le corps gisant entre les pierres
en un réseau de tentacules
se concentre dans ces nerfs
qui s'effilochent graciles
à ton ombre, arbre, se brise
le bois sec que tu rejetas
et pourrit doucement l'humus
fait des feuilles que tu fanas
arbre, ce bras
Raymond Queneau
Battre la campagne
Gallimard, 1968