Rustres maladroits, pourquoi m'avoir secoué
Quand je me trouvais dans une bienheureuse cécité :
Jamais frayeur ne m'a secoué plus cruellement,
— Mon rêve, mon rêve doré a disparu !
Espèce de rhinocéros à trompe d'éléphant !
Ne commence-t-on par faire poliment : toc, toc ?
De frayeurs, je vous ai jeté les compotiers
De fruits mûrs dorés — à la tête.
Baum in Herbste
Was habt ihr plumpen Tölpel mich gerüttelt,
Als ich in seliger Blindheit stand :
Nie hat ein Schreck grausamer mich geschüttelt,
— mein Traum, mein goldner Traum entschwand.
Nashhörner ihr mit Elefanten-Rüsseln,
Macht man nicht höflich erst : Klopf ! Klopf ?
Vor Schrecken warf ich euch die Schüsseln
Goldreifer Früchte — an den Kopf.
Friedrich Nietzsche
Poésies
Traduction de Jean-Jacques Briu
Éditions Éole, 1991