Dans la forêt fanée, il est un appel d'oiseau,
insensé dirait-on dans cette forêt fanée.
Pourtant cet appel d'oiseau tout rond repose
au creux de l'instant qui l'a créé,
vaste comme un ciel sur la forêt fanée.
Tout trouve docile sa place dans ce cri :
le pays entier semble y reposer sans bruit,
le grand vent semble s'y pelotonner
et la minute qui veut avancer
est blême et figée, comme si elle savait
des choses qui feraient mourir quiconque,
elle que le train du vent a déposée.
Rainer Maria Rilke
Œuvres poétiques et théâtrales
Le livre des images
Gallimard, 1997