(...) Cultiver des arbres donne beaucoup de satisfaction. Un arbre ressemble à un peuple, plus qu'à une personne. Il s'implante avec effort, il s'enracine en secret. S'il résiste, alors commencent les générations de feuilles. Alors, tout autour, la terre l'accueille et le pousse vers le haut. La terre a un désir de hauteur, de ciel. Elle pousse les continents à la collision pour dresser des crêtes. Elle se frotte autour des racines pour se répandre dans l'air par le bois. Et si elle est faite de désert, elle s'élève en poussière. La poussière est une voile, elle émigre, franchit la mer. Le sirocco l'apporte d'Afrique, elle vole des épices aux marchés et en assaisonne la pluie. Le monde, quel « maestro » ! |
Erri De Luca
Trois chevaux
Traduit de l'italien par Danièle Valin
Gallimard, 2002