Ils n'ont jamais dit : marche sur notre terre, entre dans nos maisons
On entendait crier dans leurs murs, et leurs voix s'étaient éteintes
La peur et le silence étouffent les jours clairs
Je ne sais pas parler
Je ne sais pas leur dire que ma terre est la leur
Et ma maison à eux...
Ils sont bien trop occupés à déranger le paysage,
blessure ouverte sur la terre qui réclame
un peu d'eau
une vie...
J'entends marcher le vent, mais le vent est distrait
il ne m'entend jamais
J'entends pleurer le ciel, mais le ciel est bien pris
et je suis trop petit
Leur colère est si forte contre les mots si doux
que ces mots sont bien vains à réclamer
la paix.... comme un peu d'eau
une vie !
Je voudrais que la terre soit ronde.
Sur ma page d'écriture, j'ai dessiné un arbre
Je n'avais pas de racines, seulement un peu de froid
et dans le miroir, j'ai vu que mon arbre
avait des fleurs...
Je voudrais bien leur dire que ma terre est la leur
Et ma maison à eux...
un peu d'amour et d'eau fraîche
et mon arbre a poussé
sur la terre d'un clocher.
Viviane Fournier
Vagabondages n°25
Nov/Déc 1980