l'Automne en ville, feuilles
mortes sur les trottoirs, à l'époque
de François Coppée et d'Anatole France
— déchire comme le cygne
déchire lentement l'eau lugubre —
rassurant et déchirant bruissement,
pleinement rassurant, de soies
déchirées les soirs
dans des intérieurs
cossus, tout voilé, appelant
la pluie sur les carreaux
le brouillage de la rue, ou
petite place
à marronniers
— détchire é's soèye dë zz'anmes
déchire la soie des âmes.
— — — — — — — — —
Rien, Watteau, comme
le fond de tes fêtes galantes
et têtes galeuses. Rien
Râteau, comme
le bruit de ta dent
bruit patient obsédant
parmi les feuilles sèches (tant !
de feuilles ont donc les arbres !
qu'on a envie de se laisser
tomber pour y mourir pourrir ou
dessécher — sur le lit
— ce lit qui est comme un doux fleuve d'oubli —
qu'elles font dans les allées des parcs,
mourir la bouche ronde
comme le grand Gilles
debout devant le paysage, raide
comme un enterré debout
dans un rempart
de terreau, remblai
sorte de défense agréablement puis
désagréable
ment friable
— bientôt tragiquement friable
comme l'âpreté certaine, vérace
de l'hiver...
Ivar Ch'Vavar
Le Marasme chaussé
Flammarion, 2012