Pour Mykola Rudenko
Plus tard qui parlera
de cet arbre et qui parlera
du silence qui l'a fait naître
avec les yeux qui regardaient
grandir nos angoisses futures... ?
Aujourd'hui on se tait, on croit
que le lyrisme de la vie
n'a que la voix des feuilles
ou l'étrange résignation
des mots destinés à mourir.
Pourtant il parait beau et bon
d'entendre les papillons bleus
transporter le ciel — mais vers où ? —
il parait même heureux
d'avoir l'automne à soi
l'hiver aussi à soi.
Tout se peut. Vraiment tout se peut.
Nous aurons vécu, nous vivrons
pour quelque chose comme ça
Et quel sera le prix
des forêts de demain — qu'importe ! —
on entendra parler des arbres...
Jean-Paul Mestas
Jalons
Plaise au souvenir
Barre-Dayez, 1983