Vers de Th. Moore écrits sur un livre de poche (1822)
Aux champs de l'Indoustan, de sa cime chenue,
Un arbre,* s'il voulait, au-dessus de la nue,
Se verrait caressé des premiers feux du jour ;
Mais il est sans orgueil : pour l'Inde est son amour !
Peu jaloux de monter au séjour du tonnerre,
Il préfère baisser ses branches vers la terre. **
C'est qu'il puise en son sein les sucs toujours nouveaux
Dont la sève féconde abreuve ses rameaux.
Tel mon cœur qu'environne une gloire trompeuse,
Hommage anticipé de l'amitié flatteuse,
Mais qui peut m'échapper quand la postérité
Jugera froidement un talent trop vanté ;
Tel mon cœur, loin de suivre une vaine chimère,
Guidé par son amour, s'élance vers ma mère !
Thomas Moore
Écrin poétique de littérature anglaise
Par D. Bonnefin,1841
* Cet arbre gigantesque est le figuier des Banians si admirablement décrit dans le Paradis perdu de Milton , chant IX. Il en existe un connu sous le nom de Cubber bur, qui lui vient d'un saint en grande vénération dans le pays, auquel on ne donne pas moins de 2,000 pieds de circonférence, et qui fut jadis beaucoup plus large. 7,000 personnes peuvent, dit-on, reposer sous son ombre. - M. Dumont Durville, dans son Voyage autour du monde, tom. Ier, pag. 150, a décrit et dessiné cette étonnante production de l'lndoustan.
** Les branches qui tombent vers la terre y poussent des racines et deviennent ainsi autant d'arbres nouveaux; ce qui explique son immense étendue.
Notes du Traducteur.
|
To My Mother
They tell us of an Indian tree
Which howsoe'er the sun and sky
May tempt its boughsd to wander free,
And shoot and blossom, wide and high,
Far better loves to bend its arms
Downward again to that dear earth
From which the life that fills and warms
Its grateful being, first had birth,
'Tis thus, though wooed by flattering friends,
And fed with fame (if fame it may be),
This heart, my own dear mother, bends,
With love's true instinct, back to thee!
Thomas Moore