Les arbres,
le ciel,
le vent :
il n'y a que cela.
Le ciel où lentement les couleurs voyagent,
les arbres qui ont l'air de bavarder entre eux
et la brise invisible hantant les feuillages.
Rien d'humain.
Il arrive qu'un oiseau
passe,
petite ombre qui sort d'un arbre
et plonge dans un autre.
Dans quel monde suis-je donc ?
On n'entend rien.
Un monde vert sous un monde bleuâtre,
et qui s'envoient des messages.
J'écoute, j'écoute !
Il ne se passe rien.
Les arbres se parlent sans voix
et le ciel a changé de couleur.
Où suis-je donc ?
Les messages d'oiseaux se multiplient,
le ciel s'éclaire,
les arbres se penchent l'un vers l'autre :
ils se parlent,
ils se parlent vraiment !...
Quelque chose se passe au monde vert.
Écoutez !...
C'est la vie profonde qui s'épanche
Écoutez !...
Mais deux oiseaux s'appellent,
d'une cime à l'autre,
doucement,
obstinément,
et l'on n'entend plus qu'eux.
Constant Burniaux
Poésie
1922-1963
Le Cherche-Midi
Dom Robert Les oiseaux rares Tapisserie, 1955 Atelier Goubely |