Tu m'avais promis de m'envoyer des violettes. L'as-tu oublié ?
Des blanches et des bleues, de dessous la haie du verger.
Des pourpre sombre, odorantes, mêlées de blanches,
En gage de notre amour naissant, tout juste éclos.
Ici, nous avons un amandier comme tu n'en as jamais vu
Dans le nord — il fleurit sur la rue et, chaque jour,
En arrêt près de la clôture, je lève les yeux vers ses sereines
Efflorescences dans l'azur, et je m'interroge sur leur message.
Sous l'amandier reposent les terres bienheureuses,
De Provence, du Japon et d'Italie.
Et les pas des promeneurs sont battement et papotage
De ces jeunes paysannes jouant alentour, battant des mains.
Et tu viens en premier, mon amour, en robe fleurie,
Toi et ton insoutenable tendresse, ce rire effarouché
Dans tes yeux désormais écarquillés sur l'après,
Toi, bras ballants, à l'abandon.
David Herbert Lawrence
Poèmes
Traduction de Sylvain Floc'h
l'Age d'Homme, 2007