Au vif de la lune, dans ce rond d’herbe courte que le bois embrassait, un beau pin lyre dressait ses deux troncs. Comme on approchait, l’arbre se mit à chanter d’une voix qui était à la fois humaine et végétale. Je vis qu’on avait asservi les deux cornes de l’arbre par la traversière d’un joug creux ; on avait tendu neuf cordes du joug au pied de l’arbre : ainsi, il était devenu une lyre vivante, à la fois de l’ample vie du vent, de la sourde vie des troncs gonflés de résine et de la vie toute saignante de l’homme. |
Jean Giono
Le serpent d'étoiles