J'ai presque vu les mains
du crépuscule
caresser les feuilles
de ce bouleau en train
de s'effacer,
dans la nuit qui recule
en attirant
son tremblement de lumière.
Le tact de cette main
immense
se communique au tronc,
à l'herbe, à l'eau du lac
qui rosit de douceur, en attente
du bonheur de s'éloigner,
se transformer
en une absence odorante
où seule demeure
l'haleine de leur respiration.
J'ai cru voir la fin
de chaque vie humaine,
dans ce commencement,
alors que les yeux se remplissent
d'ombre, et que s'éclaire,
peu à peu,
sur l'autre versant,
l'inimaginable délice
de partir à tire-d'aile,
vers la nouvelle, éternelle gravitation.
Jean Mambrino
L'Aube sous les paupières
ZurfluH éditeur, 2009