Dans l'adoration des mélèzes
L'archange rouge de l'érable
Est l'icône des derniers jours.
Les pensées des couleurs et les pensées des morts
Sont rassemblées dans la progression des Rois mages
Rien ne connaît l'état de différence
Où sont perdues les âmes séparées.
Pour le long temps d'errer
Le songe de ma folle enfance
Si doucement m'a retenu
D'être dans l'océan plongeur, baleine franche
D'être le sel perdu dans l'océan du corps.
Mais je m'éveille enfin à mon corps de pensée
Hormis l'erreur, rien ne me sépare de rien
J'entrevois le pays du don.
Je suis né, je suis relié à l'amitié de la matière
Je suis peuplé, je suis convié
Je suis le convive du corps
Il est le convive du monde
Toute l'argile déliée écoute son érable rouge.
Henry Bauchau
Poésie complète
Actes Sud, 2009