L'arbre-à-lait de Bernadette, c'est sa mère. L'enfant, comme un fruit entre deux branches suspendu, se gonfle de suc, tenue entre les bras. La bouche de la téteuse se prend au sein où les veines dessinent une voie lactée, et la sève aspirée s'épand dans ces petits os, ces mignons ongles, cette peau de rose, y fixe ses gracieux éléments, et fait de Bernadette un trésor composé de la fleur du minéral. Souvent, alors qu'aucune brise ne l’agite, l'arbre maternel saisi de joie chante. |
Francis Jammes
Ma fille Bernadette
Mercure de France, 1910