Je t'ai vue, lune, grosse lune,
Croquer les prunes de François
Sans songer à en laisser une,
Une seule pour moi.
Tu auras beau fuir, grosse lune,
Cacher ta face brune
Dans le feuillage du lilas.
Viens m'aider, accours, Croquenbois !
Sors de ta demeure de brume,
Croque-moi, ainsi qu'une noix,
Cette dévoreuse de prunes
Qui n'en laissa pas une
Ni pour toi ni pour moi
Dans le haut prunier de François.
Maurice Carême
Le moulin de papier
Fernand Nathan, 1973