Les arbres sont en feuilles comme
Une chose presque déjà dite ;
Les bourgeons récents s’ouvrent, s’évasent,
Ils sont verts comme le chagrin.
Est-ce de naître, puis de renaître,
Au lieu de vieillir ? Non, ils meurent.
Leur tour annuel de jouer aux neufs
Est gravé dans le grain du bois.
Elles ne s’arrêtent, ces forteresses
De s’épaissir, à chaque mai.
L’année est morte, semblent-elles dire,
Il faut renaître, renaître, renaître.
Philip Larkin
Traduction par Pierre Vinclair
The trees
The trees are coming into leaf
Like something almost being said ;
The recent buds relax and spread,
Their greenness is a kind of grief.
Is it that they are born again
And we grow old ? No, they die too.
Their yearly trick of looking new
Is written down in rings of grain.
Yet still the unresting castles thresh
In fullgrown thickness every May.
Last year is dead, they seem to say,
Begin afresh, afresh, afresh.
Philip Larkin