Mes guerriers tatoués d'hier
Où brûlaient des sarments
Leurs mélopées chantaient le monde informe
Chantaient le feu.
Quant à moi seul dans ma nuit
Je me couche en cercle autour de mon arbre
À sa lumière je me chauffe
Et je chante.
Un homme ni bon vraiment
Doux et diable ni méchant
Il a des mains comme on dit oui
Mots ouverts sur les mots amis.
Je chante un arbre droit qui brûle
De la cime aux racines un couloir est inscrit
Nourri de ses défaites et de ses pères
Morts et des chevaux morts sur la plaine
Il se hisse de l'ombre
Il se nourrit de ses fientes
Ses morts successives l'engendrent.
Sa fumée tient les mouches urticaires à l'écart de mes mains
Moi j'éloigne les rongeurs sournois
Moi je veille.
Jean-Pierre Charles
Poèmes qu'on jette aux vents
L'Ormaie, 1999