Ce soir les arbres m'ont parlé
Un cheval de nuit pose son museau sur mon épaule
Et me chuchote des beautés frangées d'étranges choses
Des histoires de sous-bois céleste d'acacias en fleur ou d'avoines.
Lisse de sa sueur perlant des longues courses
Il mêle à mes cheveux sa crinière d'étoiles
Mais je l'écoute sans l'entendre
Car sa hutte est trop loin perdue dans les Pléiades.
Je le regarde dans les yeux : il cache bien ses ailes
Ne voulant m'emporter d'une seule envolée
Là-haut loin dans les feuilles
Là où la lune rit
Tant il est las, muet, et triste aussi.
Ah ! bien souvent quand vient le noir
Et que le ténèbres nous font grelotter
C'est comme un grand malheur qui flotte dans les arbres
Et moi dans ma chemise, la nuit dans sa crinière
Nous nous sentons grand'envie de pleurer.
Jean-Pierre Charles
Poèmes qu'on jette aux vents
L'Ormaie, 1999