Plaine hongroise
son église, un pieu ;
son sol, un lait caillé profond,
où tanguent des grès anguleux.
Le Hongrois sa guenille, un drapeau ;
son repas, le ravier :
nous, nation cueilleuse de mauvaises herbes,
la mort nous vient pieds nus et toute ravaudée !
Allons, poète ! Ta lune est morte ;
ton ombilic est une corde ;
tu claques des doigts, la ville est incendiée,
ta plume sans toucher d’allumette, se met à fumer.
Ô vous qui avez les nues pour ramée,
Petits sureaux déguenillés
sur la grand’route voyez filer
l’exil muet des peupliers !
Attila József
Ni père ni mère
Traduit par Guillaume Métayer
Édition Sillage, 2010