Il a dit, Adern du chêne géant :
« Je resterai longtemps sur ma branche,
Ferme dans ma solide cupule ! »
... Si Dieu veut, Adern, si Dieu veut...
Si le vent d'automne n'avait point soufflé,
Adern serait encore sur sa branche.
Si la pente n'était pas si forte
Il n'aurait pas roulé jusqu'à la rivière.
Si la rivière n'était pas en crue,
Il se serait arrêté sur la berge...
Et maintenant, qu'en reste-t-il ?
Il a dit, Aboujdar du pin géant :
« Je serai longtemps sur ma branche
Lourd de mes graines sous leurs écailles ! »
... Si Dieu veut, Aboujdar, si Dieu veut...
Si le vent d'hiver n'avait point soufflé,
Aboujdar serait encore sur sa branche.
Si les bergers n'étaient passés par là,
Il n'aurait pas été jeté dans le feu...
Et maintenant, qu'en reste-t-il ?
Notre commune mesure, c'est le néant.
La fin peut être différente,
Plus ou moins proche ou éloignée,
Mais c'est la fin tout de même
Quand vient l'heure choisie par Dieu...
« Koul ma isker Rbbi, ghir Ikheir³. »
¹ Adern = gland de chêne vert.
² Aboujdar : strobile du pin d'Alep.
³ « Tout ce que fait Dieu, rien que le Bien. »
Expression qui contient toute la résignation suprême.
Mririda N'Aït Attik
Les chants de la Tassaout
Traduits du dialecte Tachelhaït
par René Euloge
Maroc Éditions, 1972