Frappé, l'arbre vacille et se penche en direction de son ombre qu'il rejoint, puis dépasse, griffant au passage l'indifférence.
Il est, un court instant, l'arc et la flèche et le carquois, enfin la portée de l'oiseau qui le croise et qu'il a juste le temps de prévenir d'avoir, désormais, à se nicher ailleurs.
Puis il s'allonge infiniment, jusqu'à la démesure. Jusqu'à trouver, bien au-delà de ses propres limites, les parapets de l'horizon.
Il s'abat enfin, de tout son poids de temps accumulé. À chacune de ses racines se recroqueville une main de terre.
L'arbre est puni d'avoir voulu désarçonner le vent qui rentrait chez lui, par un goulet de septembre, d'une rude chevauchée. |
Guy Bornand
La remue
Le dé bleu, 1989