Durant l’aspre saison des froidureus hyvers
Il semble aus regardans que les arbres ternissent
Et toutefois les troncs en terre se nourrissent,
D’ou sortent au Prim-tems tant de fleurons divers
C’est alors que les chams & que les prez sont vers
Mais au chaud de l'Esté ils seichent & fanissent
Au contraire les reims des arbres reverdissent,
Et se treuvent de fleurs & de feuilles couvers
La vie est un hyver fragile & transitoire ;
Ou le mondain se plait de verdoyer en gloire
Entassant mal sur mal, péché dessus péché
Mais quant l’Esté joyeus de la vie seconde
Retirera nos cors de la fosse profonde,
Il cherra devant Dieu tout fletris et seiché.
Jean-Baptiste Chassignet
Mespris de la vie et consolation contre la mort
Nicolas de Moinge, 1594