Le temps tourne sur les cercles du tronc
La beauté tient dans l'espace utile
À la valse immobile de ses touffes d'aiguilles
Se tenir au pied, se perdre à la racine
S'endormir dans les lits de la pierre
Attendre l'éveil et les fruits du silence
Un jour peut-être le cèdre sera charpente
Du temple rêvé en moi par Salomon, le roi
Dès aujourd'hui le cambre de ses branches
Annonce les volutes du Saint des saints
Et les fruits roux sur sa robe de ciel
Couvrent d'un vieil or le pectoral et l'offrant
Que l'arbre n'ait pas honte en me voyant
Que mes mots soient dignes du peintre
Comme au jardin quand Dieu peignait
Que mon souffle monte de branche en branche
Amitié ou amour dans chaque heure sauvage
Et qu'à la pointe du bleu le soleil vienne en transe.
Loïc Collet
Le cœur raccommodé
Éditions Baudelaire, 2014