Loin, par-dessus la cime inégale des bois,
s'étendait le long ciel bleu délavé.
Et c'est là, dans ce ciel pâle et lumineux,
qu'il s'est rallumé,
le bel été de mon enfance.
Tout était de nouveau vrai :
le parfum des pins au soleil,
les odeurs de prairie sur mes mains,
les chers paysages dans mes yeux clairs,
les idées chaudes dans mon cœur
et cette fille blonde aux cheveux dénoués
dont la peau sentait le pain frais,
dont les lèvres déjà savaient un peu l'amour.
Hélas ! elles sont fauchées,
les fleurs du bel été ;
envolées les feuilles que j'ai vues alors,
pourries ;
morte la fille blonde et tous ses falbalas.
Il ne reste rien dans la boutique
qu'une plante séchée qu'on ne reconnaît pas...
J'ai rêvé, je le sais bien.
Que signifiait ce rêve ?
Freud vous le dira.
Moi, je regarde le long ciel pâle,
vide à présent,
le long ciel pâle où le bouleau du jardin,
le bouleau aujourd'hui,
balance sa tête désolée.
Constant Burniaux
Poésie
1922-1963
Le Cherche-Midi