Cette étrange forêt, ses ombres, ses mystères
Pourquoi les craindrais-tu, mon frère voyageur ?
Tu connais les parfums du sol et la rumeur
Du vent qui vient parfois des marais solitaires ;
Tu comprends le regard des bêtes à l'affût
Parmi le craquement des mourantes verdures,
Les coups de feu bruyants, les clameurs, les murmures,
Les derniers sons du cor, le retour, ce qu'il fut...
Ce qu'il fut au château pour la brillante escorte
Quand, avec ses cheveux si beaux, ses yeux si doux,
On découvrit dans le salon du Rendez-vous,
Au pied de son miroir, la jeune fille morte.
Pourquoi dans les taillis ne point perdre tes pas
Malgré l'heure tardive, ô voyageur mon frère ?
Cette étrange forêt, ses ombres, son mystère,
Cachent des souvenirs qui ne tarissent pas...
Claude Fourcade
Les plus beaux poèmes du voyage
Le Cherche Midi Éditeur, 1988